En tant que philosophes et spécialistes dans les domaines d'études connexes, nous soutenons que la discipline de la philosophie peut apporter des contributions particulièrement bonnes à l'éducation environnementale. Il s'agit d'un complément et d'une continuation de la Déclaration philosophique de Paris de 1995 qui s'est déroulée dans le contexte d'une réunion de l'UNESCO, qui a souligné l'importance globale de l'éducation philosophique, et qui a prévalu la question très actuelle d'une éthique de la nature. Un développement mondial de l'éducation philosophique peut être d'une grande aide dans cet effort - tout particulièrement dans le contexte actuel de crise climatique.

Depuis l'Antiquité, la réflexion sur la position de l'humanité dans son milieu a été un sujet de recherche dans diverses cultures. En particulier, la critique de l'anthropocentrisme dans l'éthique utilitaire (orientée vers des buts humains) a promulgué l'idée que les humains devraient être considérés comme une partie de la nature, que tout dans la nature ne doit pas être motivé par les objectifs de l'humanité, et que nous sommes tous liés dans une interdépendance écologique. Le concept d'environnement (comme le monde qui nous entoure) devrait donc être remplacé par le concept de monde partagé (le monde auquel nous participons), de la même manière que, par exemple, les philosophies Est-asiatiques et Africaines conçoivent depuis longtemps déjà la coexistence et la transcendance de l'humanité et de la nature. La philosophie peut s'inspirer de modèles holistiques, et pas seulement dans les cultures non européennes, qui s'intéressent au concept du biocentrisme. De telles conceptions peuvent aider à résoudre la dichotomie entre l'être humain et la nature, et ainsi parvenir à un partenariat respectueux avec la nature. À cette fin, une réflexion sur l'établissement de différents objectifs peut conduire à la conclusion qu'à long terme, les objectifs de l'humanité sont mieux servis lorsque les fondements de la vie humaine sont protégés et valorisés.

Cela apparaît clairement à notre époque, alors que la nature est bouleversée par la technologie et par conséquance déséquilibrée dans le sens, que la biodiversité se perd et que les fondements mêmes de la vie humaine sont massivement menacés. La valeur inhérente de la nature a été reconnue par la philosophie bien avant la crise écologique actuelle, et devrait être intégrée dans l'enseignement de la philosophie au sein des écoles et des lycées, et même dans les universités. C'est pourquoi nous appelons à promouvoir l'enseignement philosophique dans différents domaines, et nous demandons instamment comme un moyen le soutien dans la situation actuelle de notre humanité menacée. Car la réflexion critique sur les différentes conceptions de notre rapport à la nature (et leurs conséquences) peut aider à mener des actions significativement responsables vis-à-vis d'une nature considérée comme digne d'être protégée. Toutes ces disciplines - l'anthropologie, la philosophie de la nature, la philosophie de la technique et l'éthique - en tant que sous-domaines de la philosophie, devraient avoir leur place dans cette conversation, car elles sont toutes nécessaires à la formation nécessaire de la conscience, en particulier chez les jeunes, afin que les dispositions appropriées pour agir puissent émerger.

C'est pourquoi nous voulons
- Rappeler, que depuis le début, toute la philosophie de l'Est, de l'Ouest et du Sud a été engagée pour une bonne vie de l'humanité basée sur un rapport équilibré avec la nature elle-même.

- Remarquer, par exemple, que le principe stoïcien de vivre selon la nature ou la voie bouddhiste de l'unité de tous les êtres vivants montrent une direction de pensée similaire.

- Noter, que, partout où la philosophie souligne le rôle particulier de l'homme, la rationalité aboutit à la responsabilité de l'homme envers la nature.

- montrer, que les concepts philosophiques correspondent à l'ensemble de la vie sur terre, puisque la philosophie, en tant qu'expression de la pensée globale et interculturelle, ainsi que les systèmes écologiques n'ont ni limites ni frontières.

- Prendre conscience, que la confiance dans le pouvoir critique de la philosophie a produit et produira des solutions fructueuses pour les conditions essentielles de la nature et de l'humanité.

- Noter, que la philosophie est capable de réfléchir de manière critique aux systèmes technologiques et numériques afin de conduire à une utilisation responsable dans le respect de l'homme et de la nature.

- Souligner, que la guerre, outre la destruction de la vie humaine, est une menace terrible pour l'environnement et le climat.

- Convaincre, qu'une formation en philosophie est en mesure de favoriser les activités humaines en faveur de la biodiversité, de la durabilité, de la stabilité du climat et d'un développement pacifique de l'humanité, fondé sur la dignité de chaque espèce de vie.

- Suggérer, que les dialogues philosophiques soient établis au cœur des programmes éducatifs de l'UNESCO.

- Conclure, que les anciens efforts de l'UNESCO pour l'enseignement de la philosophie dans toutes les institutions éducatives du monde doivent être efficacement maintenus.